* | Sous l'œil des Barbares. 1 vol. |
** | Un Homme libre, 3e édition, 1 vol. |
*** | Le Jardin de Bérénice. 4e édition, 1 vol. |
Examen de ces trois volumes (paraîtra en septembre). | |
Huit jours chez M. Renan. 2e édition. 1 brochure in-32. | |
Trois stations de psychothérapie. 1 brochure in-32. | |
POUR PARAITRE PROCHAINEMENT | |
Les Exercices spirituels d'Ignace de Loyola, avec une préface de Maurice Barrès. |
ÉMILE COLIN—IMP. DE LAGNY
A ma mère.
Ces trois essais sont tirés des dossiers où j'ai liassé les notes dont furent composés ces «Traités de la culture du moi» auxquels certains esprits ont donné leur sympathie. Voici en quelque sorte des marginalia de Bérénice, de l'Homme libre et des Barbares.
Cette Visite à Léonard de Vinci pourra contenter ceux qui goûtent tel chapitre de l'Homme libre sur une journée que je passai à Milan…—Dans la Visite à Latour de Saint-Quentin, le pastelliste, je mets en relief l'incapacité qu'eut cet acharné observateur à se composer une vue générale de l'humanité, dont il portraictura tant de fragments; et quelques lecteurs penseront peut-être à Charles Martins du Jardin de Bérénice. Chère et tendre Bérénice! Quand je l'aimais, n'ai-je pas vécu en plus étroite harmonie avec l'âme du monde qu'aucun de ces curieux insatiables qui mènent leur minutieuse enquête à travers les temps et les pays?…—Dans le troisième essai enfin, dans ces considérations sur le cosmopolitisme, où quelques-uns me sauront gré d'avoir utilisé l'incomparable mémoire de Mademoiselle Bashkirtseff, on trouvera quelque lumière sur une confusion, fort à la mode d'aujourd'hui, entre la sensibilité de nos délicats et le sentiment religieux. Bien que nos néo-catholiques ne soient que des esprits vagues auxquels il ne convient pas de prêter plus d'importance qu'à la tasse de thé où ils se noieront, il est du moins exact que certain pessimisme sentimental et certaines exaltations religieuses témoignent d'une même qualité d'âme.
On le voit, ces essais sont des compléments de notre pensée; non pas des redites, toutefois. Ils ne font point double emploi avec les ouvrages que je rappelle, mais en soulignent la méthode.
Psychologie, scepticisme, dira-t-on. En vérité je n'ai pas plus de droit au titre de psychologue, qui supposerait la curiosité et la science de l'âme humaine tout entière, qu'à l'appellation de sceptique, qui implique le refus de toute affirmation. Si des personnes raisonnables me suivent dans les trois pèlerinages où cet opuscule les convie, elles reconnaîtront que je n'étudie que certains états d'âme, assez particuliers, mais où je suis compétent, et elles ajouteront que je ne me contente pas de décrire des stations, mais encore que j'y théorise, afin de réglementer les intéressés après avoir éclairé les curieux.
Ainsi se justifie mon titre Essais de psychothérapie. On trouvera ici l'indication du traitement le plus convenable, selon notre méthode,—qui est l'exaltation du Moi,—à certaines particularités de l'âme moderne. C'est ici de la psychothérapie.
Vous traitez l'âme, disent les lecteurs (ceux-ci fort égayés, ceux-là craignant qu'on ne les amuse guère), mais quelle est votre thérapeutique?
Je me suis surpris à en invoquer le bénéfice dans une page de Sous l'œil des Barbares. C'était une prière ardente, une des plus sincères, je l'affirme, qui soit sortie de l'angoisse familière à tant de jeunes gens de notre époque. «… Le vœu, disais-je, que je découvre en moi est d'un ami, avec qui m'isoler et me plaindre, et tel que je ne le prendrais pas en grippe. J'aurais passé ma journée tant bien que mal sur les besognes. Le soir, tous soirs, sans appareil, j'irais à lui. Dans la cellule de notre amitié fermée au monde, il me devinerait; et jamais sa curiosité ou son indifférence ne me feraient tressaillir. Je serais sincère; lui, affectueux et grave. Il serait plus qu'un confident, un confesseur. Je lui trouverais de l'autorité, ce serait mon ami, et, pour tout dire, il serait à mes côtés moi-même plus vieux…»
Mais voici l'essentiel où je vise dans ces consultations:
«… Si mon cerveau trop sillonné par le mal se refusait à comprendre, et, cette supposition est plus triste encore, si je méprisais la vérité par orgueil de malade, lui sans méchante parole modifierait son traitement. Car il serait moins un moraliste qu'un complice clairvoyant de mon âcreté. Il m'admirerait pour des raisons qu'il saurait me faire partager; c'est quand la fierté me manque qu'il faut violemment me secourir et me mettre un Dieu dans les bras, pour que du moins le prétexte de ma lassitude soit noble.»
Le voilà dans cette dernière ligne, le véritable traitement qui convient à nos jeunes contemporains caractérisés par l'énergie de leurs dédains et par leur impuissance à agir. Eh! certes, je le sais bien que, sous couleur d'être analystes, nous ne sommes que des nihilistes, des âmes sèches, des cerveaux incapables de sentir efficacement et avec suite, organisés uniquement pour la négation. Mais que sert-il qu'on nous répète: «Ne soyez pas tels que vous êtes, n'usez pas de l'âme que vos pères vous firent!» C'est encore en donnant leur rythme naturel et, sans provocation, une allure toujours fière à nos sentiments que nous en tirerons agrément et honneur.